JE ME SOUVIENS Histoires singulières de SOS Médecins

JE ME SOUVIENS

Histoires singulières de SOS Médecins

Textes : Dr Patricia Martel - Photographies : Nicolas Krief

Avec le soutien institutionnel de : Allianz, Base Claude Bernard, Boehringer Ingelheim, CLM, Lundbeck, Pierre Fabre

Un appel, un patient, un domicile, une rencontre.
La vie de SOS Médecins s’écrit au fil de ces moments uniques.

Le Quotidien du Médecin propose de raconter chaque mois l’histoire singulière d’un médecin avec son patient. Un moment d’intimité : chaque médecin nous confie son histoire, au fil de ses appels d’urgence.

Immersion photographique dans l’univers de SOS Médecins.

Nous ouvrons cette série avec le portrait du Dr Pierre Maurice, 32 ans de SOS Médecins.

ÉTRANGEMENT BANAL

Dr Pierre Maurice, Paris

32 ans de SOS Médecins

Il est six heures du matin. La dernière visite de la nuit s’annonce banale, un mal de ventre plutôt anodin chez une jeune femme de 20 ans. Je la découvre allongée sur son lit, son visage se crispe sur les spasmes de son ventre plat. Je le palpe, il est sensible, mais je ne vois rien d’anormal. Elle prend la pilule, elle a régulièrement ses règles, m’assure-t-elle.

Quelle sensation étrange. Je me dis que cette femme est en train d’accoucher, mais elle n’est pas enceinte. Elle ne cesse de me demander : « Mais qu’est-ce que je suis en train de faire ? » Elle perd les eaux, la tête pointe. Je suis en sueurs, concentré, c’est mon premier accouchement. Je vois son petit ami s’enfuir, puis le corps du nouveau-né surgir de lui-même comme de nulle part. Elle l’embrasse et l’étreint d’instinct contre sa poitrine. Elle irradie.

« Je vois son petit ami s’enfuir,

puis le corps du nouveau-né surgir »

Cette histoire serait restée inachevée si je n’étais pas retourné la voir à la maternité trois jours plus tard. Toujours intrigué, je lui demande : « Dites-moi la vérité, vous le saviez ? » Elle m’assure que non. Elle rayonne en jeune mère avec son enfant et je n’ai qu’un seul regret : elle ne l’avait pas appelé Pierre.

« Toujours intrigué je lui demande :

"Dites moi la vérité, vous le saviez ?" »